ARTISTES ÉDITION 2023
DANIELA SCHLAGENHAUF
Consciemment ou inconsciemment, les sculptures de porcelaine de Daniela Schlagenhauf épousent les méandres de la rivière Maronne, les courbes des monts d’Auvergne où elle vit et travaille depuis les années 80.
Ses œuvres n’ont pas cédé face à l’imposant paysage fait de minéralité. Elles ont su conserver la légèreté des nuages aux portes des ciels. La littérature et les écritures anciennes viennent en complément...
Ses sculptures semblent délimiter l’espace, ouvrent les portes du grand, de l’infini, du vide aussi où l’homme pourrait se perdre. Pour le peintre Michel Danton ces espaces correspondent aux « milieux des gestes », aller chercher notre monde au-delà de la forme.
Daniela Schlagenhauf propose une installation « résonance 1». 100 formes comme des mots ou des notes viennent écrire un poème, une partition ou simplement danser avec les herbes folles du jardin bleu.
Daniela Schlagenhauf est membre de l ‘Académie Internationale de la Céramique (AIC) depuis 2019. Thierry Bucquoy
PATRICK CRULIS
Patrick Crulis est un artiste boulimique et protéiforme qui a choisi la sculpture et le grès. A l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Christian Boltanski lui apprend à regarder, à cultiver sa propre liberté. Sa nourriture, il la puise chez les peintres expressionnistes, dans le mouvement COBRA, aussi chez Guston, Chaissac, Beuys et le Free Jazz qui l’accompagne quand il fait !
La terre est brassée, malaxée, shakée, sa création est généreuse et festive. Le geste se libère comme cette fièvre qui l’anime, il créé sans repentir. L’accident fait partie du deal. Parfois des arabesques émergent du chaos. Une couverte d’émaux colorés concilie cette alchimie improbable. La sculpture s’impose alors à nous comme une évidence ! Thierry Bucquoy
GUY HONORÉ
Guy Honoré nous propose ses architectures, ses mondes à géométries variables ; La ville, la cité, le paysage, le jardin sont livrés en module où les plans s’opposent, se répondent en miroir, se distendent ou se ramassent sous l’effet de l’ombre et de la lumière. Quel lien Guy Honoré semble avoir tissé avec la ville moderne imaginée par l’architecte visionnaire Sam’Elia Antonio en 1914 ? « scintillante de lumière et de reflet ».
Nous sommes comme happés par ses mondes faits de parallélépipèdes aux couleurs primaires, l’émail est appliqué en aplat et semblent répondre au monde onirique du peintre américain David Hockney. Ses structures « presques » flottantes , ses « presques » vaisseaux qui défient la gravité et peut-être le temps semblent vouloir concilier la frénésie galopante de l’urbain et l’espace laissé au végétal, au paysage. Un monde apaisé, serein s’impose à nous... presque parfait ! Thierry Bucquoy
LYDIE CLERGERIE
Lydie clergerie nous propose une installation qui s’appuie sur le concept du philosophe Glenn Albrecht. Il provient du mot anglais « solace », qui signifie réconfort et « algie » qui signifie douleur. La solastalgie résulte donc d’un état émotionnel négatif lié à la dégradation de la nature par les activités anthropiques et à la menace ou à la perte des lieux auxquels une personne, un groupe, une société sont intimement attachés et qui constitue sont socle identitaire. Comme le précise la psychologue environnementale Dorothy Marchand, la solastalgie est l’expérience des changements négatifs de l’environnement. C’est semblable au concept de nostalgie, un mal du pays en quelque sorte éprouvé par quelqu’un qui est loin de chez lui, mais pour la solastalgie la personne est déjà chez elle, c’est son lieu qui la quitte.
SOPHIE DELIZÉE
L’essentiel de son travail photographique prend corps dans la tension entre matière et paysage, entre plissement et vibration. Dans l’approche des lieux, la matière devient présence, traces de souffles, de ruissellements, de mouvements et de vies souterraines. Dans ces fragments de terre et d’eau, débusquer, au creux des éléments et de leurs substances, ce qui devient, pour elle, paysage. Elle aime pénétrer ce « matiérage » des formes dans leur diversité pour révéler une sorte de dialogue, de saisissement, dans notre imaginaire, entre textures du réel et abstraction des apparences.
PATRICK ROLLET
LES SCULPTURES
Quelles soient Idoles, Vénus ou Déesses, ses artefacts de grès ou porcelaine n’en sont pas moins des femmes, des effigies, porteuses de symboles et de croyances. Ces femmes s’imposent à nous avec ces formes généreuses, seins opulents et fesses rebondis que l’on a qualifié pour faire savant (héritage du XIXème) de vénus callipyges et stéatopyge.Elles sont la présence d’un ailleurs qui nous est étrangement familier, comme s’il n’y avait d’autre éloignement que celui d’une histoire qui perdure, colportée par la mémoire collective. L’artiste nous invite a découvrir autrement ces vénus de Laussel, de Lespugue, de Dolni Vestonice, de grimaldi jusqu’à la vénus Hottentote, femme de foire, « empaillée » et conservée durant un temps au du musée de l’homme à Paris. La période Rollétienne se rajoute donc à celles déjà bien connues du Gravettien et du Magdalénien. Thierry Bucquoy
LES GRANDS PLATS DE GRÈS
C’est de toute évidence dans la dimension des grands plats de grès que Patrick Rollet diplômé de l’école pilote de Sèvres fait parlé la terre en jouant avec les émaux cuits à haute température. Qu’ils soient opaques, brillants, transparents, durs ou tendres, Patrick Rollet, les apprivoise depuis plus de 45 ans. Du rouge vermillon au rouge sang de bœuf, du vert céladon au vert émeraude, du gris de Pragues au gris d’étain, ses émaux coulent, se lovent sur la terre brut en creux, laissant entrevoir après l’épreuve du feu, dans les entrelacs et les profondeurs des couches successives, de subtiles effets comme les glacis des grands maîtres anciens. Chaque plat est une fenêtre ouverte ou plutôt une plongée dans un monde minéral inconnu. Thierry Bucquoy
BENJAMIN BONDONNEAU
Le support est constitué de travaux anciens, souvent abordés sur leur dos. Associés, cousus, collés, ils sont interprétés de nouveau et accompagnés d’un bestiaire, de paysages, d’outils de l’environnement immédiat du peintre. Théâtre du quotidien, images d’enfance, animaux autoportraits, mémoires d’atelier, ces compositions sont une suite d’hypothèses, des cabinets de curiosité intérieur.
« Dans les angles se cachent des parasites, des rêves d’animaux plongés dans un sommeil léthargique, des agrandissements photographiques de parents morts, qui ont le large et patient sourire des morts, des membres disjoints d’animaux que la colle de la vie n’a pas pu rassembler.
D’incompréhensibles figures parcourent dans tous les sens la surface du carré : animaux hiéroglyphiques, rotules allusives, cercles trop parfaits pour être nés du hasard. Ces figures ont certainement rapport à moi, mais ce qu’elles veulent dire, si elles veulent dire quelque chose, je ne peux le savoir. »
Giorgio Manganelli dans « Discours de l’ombre et du blason »
JEAN-MICHEL BILLON
A l’origine de toute activité artistique ,il y a inévitablement l’émergence d’un désir. Cela se produit parfois en empruntant des chemins détournés.Dans mon cas ce fut par la littérature et le jazz moderne. Il m’a fallut attendre bien des années et une rupture pour que j’entre dans un musée d’art contemporain. Une nouvelle relation m’a alors embarqué vers les arts plastiques dont la gravure.Dans ma pratique de la linogravure, je commence par une esquisse exécutée sommairement sans passage par le motif.Improvisations, hésitations, volte-face font partie de mes aléas créatifs. Le choix d’un titre ou de l’absence d’un titre ou de la destruction pure et simple est l’ultime étape.
J’ai toujours trouvé très inspirant l'expressionnisme allemand et la vigueur qui l’accompagne, figuratif au départ, j’ai évolué vers l’abstraction. J’aime les mots y compris dans la gravure, le texte et l’image s’allient ou entrent en conflit.
MARION LEYSSENE : céramique utilitaire / sculpture
Si l’on se rend disponible à l’écoute du non palpable, les éléments de la nature entrent en dialogue avec nous en s’adressant à nos mémoires profondes. Dans un langage universel ils nous parlent de notre présence au monde.
Mes sources d’inspiration me conduisent à travailler dans deux directions : une gamme de vaisselle en porcelaine tournée et un travail de sculpture en grès façonnée aux colombins. Ces deux axes de travail se rejoignent dans la réalisation des émaux : je les aime mats ou satinés offrant un contact velouté sous la main et accrochant délicatement la lumière. J’aime que les formes et les matières soient sobres, appellent la caresse et convoquent l’imaginaire.
Mes pièces témoignent de l'empreinte d'un moment chargé d'émotion face à la manifestation de l'énergie fondamentale de la terre. Objets de contemplation, de méditation, de sensibilité, qui réengagent la conversation entre l’homme, la nature et leurs mémoires communes.
MILENA BARTEAU : céramique utilitaire
Ma céramique s’inscrit dans une tradition potière avec un décor au trait de pinceau dynamique et instinctif. Je façonne une vaisselle contemporaine avec la simplicité d’une poterie traditionnelle en créant mon identité propre à l’aide d’un tournage vigoureux et d’une technique du pincé vivante.Je laisse la trace des doigts et joue sur l’équilibre des formes afin d'amener le plus de vitalité possible à ma céramique. Un utilitaire où la main et le pinceau font corps dans une gestuelle spontanée.